Le Valgaudemar au début du XXéme Siècle

Une agriculture d'acharnement

Confrontés à une nature peu favorable ( 6 mois d'enneigement par an ) et à une topographie difficile, les paysans du Valgaudemar pratiquent, de longues années durant, une agriculture "d'acharnement". A la fin de chaque hiver, les hommes épierrent patiemment de minuscules lopins de terre que bordent des murets construits à la limite des cônes de déjection. Ces jardins d'altitude, dont la superficie n'excède pas 1500 mètres carré, escaladent les pentes au plus haut et doivent fournir tous les produits nécessaires à la survie des familles.

Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, les Gaudemarois cultivent du blé, du seigle , de l'avoine ,du chanvre, des légumes , des noyers ( grâce auxquels ils fabriquent de l'huile ) et même des vignes  à Saint Firmin et Saint Maurice . Les pâturages d'accès difficiles sont réservés aux moutons , tandis que les chèvres paissent à proximité des villages.

La mort des hameaux

Une activité qui perdure grâce aux diverses primes versées aux éleveurs: on compte encore, à la Chapelle , 1300 moutons auxquels s'ajoutent à la belle saison 5000 transhumants. Impressionnants troupeaux qui jouent un rôle non négligeable dans l'entretien et la stabilisation du manteau neigeux

Entre les versants sud et nord s'affiche un contraste absolu: la végétation est quasiment absente de l'adret , tandis qu'à l'ubac la nature s'est montrée inspirée et généreuse: une forêt dense ( 1562 hectares ) peuplée de mélèzes , de pins , d'épicéas et de feuillus.

Au début du siècle, les services des Eaux et Forêts établissent un vaste programme de restauration forestière: en 1920 , 7370 hectares ont été vendu par les communes et 5000 restent à acquérir.  Ce ne sera pas toujours facile, comme le montre le cas de Navette dont les terres cultivables avaient été ruinées par les crues de 1914. Revenus trop peu nombreux de la Grande Guerre, les montagnards n'avaient plus l'énergie nécessaire pour restaurer les sols. Découragées, 12 familles signèrent, le 14 janvier 1929, une pétition priant l'État d'acheter leurs biens ( 500 hectares) . Il n'en fallait pas plus pour rompre l'équilibre démographique et économique de Navette. En quelques années, le village se vida de ses habitants : en 1934, il ne restait plus que 3 personnes et en 1937, une seule. Les lieus furent abandonnés aux fonctionnaires des Eaux et Forêts qui, pour accélérer la ruine des maisons, les dépouillèrent de leur charpente. Aujourd'hui, le campanile décharné de la chapelle s'élève comme un cri de protestation , au milieu d'une prospère forêt de mélèzes...

Dans les années 1930, d'autres  hameaux disparurent à leur tour dans  l'anonymat le plus total :

  • l'Esparcelet ( 1343 m) implanté au dessus de Saint Firmin
  • les Pennes ( 1373 m ) rattaché à Villard-Loubière
  • le Clot ( 1400 m) , le hameau le plus reculé du Valgaudemar qui fut , en 1934, entièrement détruit  par un incendie favorisé par la couverture en chaume de seigle des toits.

Un éphémère âge d'or

Tout autour se  dressent trente sommets dépassant les 3000 m dont les plus connus ont pour nom: les Bans (3669 m) , l'Olan ( 3564m ) le Sirac (3440 m) , les Rouies (3589 m) , les Aupillous (3505 m). Une telle concentration de grandes faces ne pouvait laisser indifférents les alpinistes britanniques. Entre 1877 et 1879 l'infatigable Coolidge entreprend de conquérir la cime du Vallon, le pic nord de l'Olan, les Bans et le pic sud des Says.

A partir des années 1930, la population du Valgaudemar  vit même un éphémère âge d'or touristique grâce à la venue d'Anglais amoureux de ces montagnes. A cette époque , il y eu à la Chapelle jusqu'à une dizaine de guides et de porteurs professionnels. Dans la foulée, le Club alpin français construit les premiers refuges comme le Xavier Blanc au clot.

 

 

 

Mais cet élan  retombe doucement pendant la seconde Guerre mondiale : le Valgaudemar souffre de l'exode rural , amorcé dès les années 1890. En 1906, le canton de Saint Firmin compte encore 4000 habitants. Mais le dernier recensement de 1982 n'en dénombre plus que  1000 ( dont 130 permanents à la Chapelle ). Ainsi vidé de ses forces vives, le Valgaudemar ne prendra jamais le virage de l'or blanc.

 

C'est dans ce contexte de mort lente que s'implante , le 27 mars 1973, le Parc national des Ecrins.

 

 

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